Après six années de travaux, le Musée zoologique de Strasbourg a réouvert ses portes le 19 septembre. Parmi les nouveautés phares, une fresque monumentale de 17 mètres. Confiée à l’illustratrice strasbourgeoise Valérie Etterlen, qui propose ses créations dans notre boutique Le Générateur, elle représente les six principaux biotopes d’Alsace et met en lumière dix espèces endémiques grâce à un dispositif immersif qui associe illustration, projection animée et son. Nous avons rencontré cette artiste talentueuse pour revenir sur la genèse et les défis de ce projet d’envergure.
1. Comment as-tu été sollicitée pour participer à la rénovation du musée zoologique de Strasbourg ?
L’équipe de Motion Agency m’a contactée. Elle cherchait un artiste local spécialisé dans les illustrations naturalistes. L’agence est passée dans mon atelier pour discuter, brainstormer, et imaginer un projet original mais respectant le cahier des charges. Nous avons ensuite monté le dossier papier très exigeant avec certaines illustrations et un moodboard. Dès le départ, l’idée était d’animer mes dessins grâce à un système de projection (cyclorama).


2. Quelle était la demande du Musée zoologique ?
Le musée souhaitait, pour la plus grande des salles d’exposition, une fresque de 17m x 3m représentant les 6 principaux biotopes d’Alsace ainsi que 10 espèces endémiques. Il fallait respecter les essences présentes dans chacun des biotopes. J’ai aussi dû faire en sorte que les différentes illustrations de biotopes s’enchaînent, qu’elles ne forment qu’une seule grande illustration alors que ces espaces naturels ne cohabitent pas entre eux normalement.

3. Quelle a été ta réaction quand tu as découvert l’ampleur du projet ? Comment as-tu abordé la conception des illustrations pour le musée ?
Le projet m’a paru immense, nous ne savions pas par où commencer. Je me suis dit que j’allais y aller étape par étape, que le projet allait se construire petit à petit. Nous souhaitions plus qu’une fresque statique et décorative, nous voulions un paysage poétique, qui s’anime avec des insectes, des mouvements dans l’eau, de la brume …
4. Est-ce qu’il y a un biotope sur lequel tu as particulièrement aimé travailler ?
Je suis assez fière du biotope « Forêt de bois durs » qui m’a demandé beaucoup de travail. J’ai du dessiner chaque feuille, chaque brindille, chaque arbuste. De plus, il était important pour le musée de représenter une forêt réaliste qui évoque concrètement l’impact de l’homme. J’ai aussi bien aimé réaliser le biotope « La roselière ». En plus du fond du biotope j’ai dessiné des roseaux et des iris des marais en parallèle qui sont incrustés et animés.

5. Quelles recherches ou observations as-tu menées pour représenter avec justesse les animaux et les paysages ?
Il a fallu que je crée une très grosse base de données pour chaque biotope. J’ai trouvé pas mal d’informations sur les sites des Réserves naturelles d’Alsace ainsi que sur des sites d’associations d’amateurs passionnés par la nature. Mon travail a ensuite été validé par deux professeurs de l’Université de Strasbourg.
6. Quels ont été pour toi les principaux défis techniques ou logistiques de ce projet ?
Pour mes dessins, j’ai utilisé du crayon et de l’aquarelle. J’ai travaillé sur des formats 40 cm x 50 cm. La spécificité du projet était que les illustrations devaient pouvoir être facilement animées. Pour les animaux par exemple, il a donc fallu que je sépare à chaque fois le corps des pattes. Et pour les paysages, il a fallu que je prépare des éléments à part pour qu’ils soient détourés, incrustés et animés. Six projecteurs sont utilisés, un par biotope. Autre défi : une quarantaine d’animaux naturalisés est présente devant la fresque. Il fallait donc qu’ils s’intègrent de manière naturelle dans leur environnement. Une bande sonore composée de bruits de la nature accompagne la scène.


7. Suite à une expérience de cette ampleur, vers quels types de projets as-tu envie de te diriger dans les mois à venir ?
Jusqu’à présent j’avais très peu dessiné de paysages. Dans ce projet, le paysage était l’élément central et j’ai trouvé ça vraiment très intéressant à construire. J’aimerais continuer à explorer cette voie. Et voir mes dessins s’animer est vraiment magique. Je suis prête à relever d’autres défis !

8. Pour finir, peux-tu nous donner quelques créations coups de coeur à l'Écrin ou au Générateur ?
Alors, je dirais :
- Nuances vagabondes : les paysages poétiques
- Nastassia : ces nouvelles cartes postales
- Les perles du lac : son baume au karité, j’adore sa texture fouettée ! Il est tout doux, hydrate vraiment très bien …



Magnifique ! J’ai hâte de découvrir ce beau travail 👏
Oui, que c’est beau ! Hop ! Tous au musée !